Découvrez le livre "Des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers" photographies de Bernard Rondeau, textes de Marion Esquerré : extraits de textes, photos, rendez-vous, dédicaces, commentaires des auteurs ...
Parution du livre le 8 octobre 2009, aux éditions du cherche midi.

dimanche 4 octobre 2009

"La longue lutte des sans-papiers de 1996 à 2007", Emmanuel Terray, anthropologue. Extrait du livre "des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers".



Le mouvement de grève des travailleurs sans papiers à partir du 15 avril 2008 représente incontestablement un tournant et un « saut qualitatif » dans la lutte déjà longue des sans-papiers en France. Mais pour apprécier l’ampleur de ce tournant, peut-être est-il utile de se tourner vers le passé de cette lutte, et de dresser un bilan des résultats qu’elle avait obtenus avant le commencement de la grève. […]
À la fin de l’année 2007, quel bilan pouvait-on tirer ?
À l’actif, on peut ranger, me semble-t-il, trois acquis majeurs.
En premier lieu, la lutte des sans-papiers a imposé un certain nombre de régularisations. […]
En second lieu, le mouvement a changé en profondeur l’image des sans-papiers dans l’opinion publique.[…]
En troisième lieu, sur le plan de l’organisation, le principe de l’autonomie du mouvement des sans-papiers est maintenant universellement accepté. […]
Passons à présent au passif : trois principaux « points noirs » peuvent être cités. En premier lieu, le mouvement n’a jamais réussi à trouver une juste articulation entre lutte locale et lutte nationale. […]
En second lieu, le mouvement des sans-papiers a éprouvé de grandes difficultés à prendre en compte la diversité de ses composantes, notamment dans la région parisienne. […]
Enfin, jusqu’à 2006, le mouvement souffre d’une insuffisance grave dans sa manière de poser le problème des sans-papiers, et c’est précisément sur ce point que le mouvement de grèves de 2008-2009 va constituer un progrès considérable. Jusqu’à 2006, la lutte des sans-papiers est principalement conduite au nom des droits de l’homme, du respect des droits et de la dignité des personnes. […]
C’est précisément cette limite qui sera franchie lors du mouvement de grève de 2008-2009 : désormais les sans-papiers sont défendus comme travailleurs, et les organisations syndicales s’engagent comme telles dans cette défense, qui s’inscrit maintenant dans leurs tâches « naturelles ». Ainsi, une nouvelle période s’ouvre dans l’histoire du mouvement des sans-papiers, et nous n’avons pas fini d’en mesurer les effets.

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