[…] C’était un défi posé au syndicalisme : alors que nous avions conquis les premières régularisations de salariés dès 2006 (blanchisserie Modeluxe dans l’Essonne), allions-nous accepter que des salariés restent sans droits dans nos entreprises parce que sans papiers ? Allions-nous « laisser la main » aux employeurs ? Allions-nous accepter que perdurent les délocalisations sur place, ravageuses pour les droits sociaux de tous ? […]
Les salariés sans papiers, que certains évaluent entre 300 000 à 400 000 en France, sont employés massivement dans un segment particulier du marché du travail au sein des branches non délocalisables – hôtellerie, restauration, construction, services à la personne, nettoyage, travaux agricoles, sécurité… – et d’une partie de la sous-traitance. Ce segment de travail, même pendant la crise et même avec ces salariés en activité, continue de manquer de main-d’œuvre. […]
Ce système bien rôdé aurait pu avoir de beaux jours devant lui. C’était sans compter sur le ras-le-bol ressenti par de plus en plus de salariés qui ont décidé d’investir le seul endroit où ils ne sont pas des sans-papiers mais des travailleurs comme les autres : leur entreprise. […]
Les nombreux protocoles de fin de conflit qui prévoient des requalifications ou des passages en CDI, des augmentations significatives de salaires, des passages à temps plein, des engagements de mission de douze mois et plus pour des intérimaires, la création de bases syndicales ou leur renforcement significatif sont autant d’acquis directement applicables aux salariés concernés. Ils sont également de nature à améliorer la situation de nombreux autres salariés des secteurs non délocalisables dès lors que les syndicats, s’ils sont présents, les connaissent et s’en emparent. Les déblocages de situations, suite à des interventions syndicales fortes auprès d’employeurs de salariés individuels, sont un encouragement à la lutte pour les salariés, sans ou avec papiers, des petites entreprises. […]
La lutte continue donc plus que jamais. Pour un monde où circuler librement ne sera pas réservé à quelques-uns. Pour une mondialisation enfin respectueuse de l’Homme et du Travail.
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