Découvrez le livre "Des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers" photographies de Bernard Rondeau, textes de Marion Esquerré : extraits de textes, photos, rendez-vous, dédicaces, commentaires des auteurs ...
Parution du livre le 8 octobre 2009, aux éditions du cherche midi.

mardi 31 août 2010

Présentation du livre "des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers" de Bernard Rondeau et Marion Esquerré.


Le livre

Depuis le printemps 2008, 2 500 travailleurs sans papiers se sont mis en grève pour obtenir une régularisation de leur situation. Avec un immense courage, ils ont dépassé la peur de l'arrestation pour engager une lutte au grand jour. Ce sont les héros de ce livre.

mercredi 11 novembre 2009

La plus belle avenue des luttes sociales, Marion Esquerré. Extrait du livre "Des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers

Le 20 mai 2008 au matin, trente salariés des restaurants Bistrot Romain – certains licenciés, d’autres en « suspension » de contrat – s'engouffrent dans l'établissement situé sur les Champs-Élysées. Christophe, délégué syndical CGT, est avec eux. Il a passé les derniers mois à réunir ses collègues, à les organiser, et passera les sept suivants à leur côté, en grève comme eux. […]
Finalement, soixante salariés pourront déposer leur dossier. Six mois après la signature du protocole de fin de conflit, quasiment tous avaient obtenu leur titre de séjour. « Ce sont les bons souvenirs : les sourires au moment des papiers, la signature du protocole. Et obtenir que trente personnes soient réembauchées ».

mercredi 21 octobre 2009

Des quartiers fraternels, Marion Esquerré. Extrait du livre "des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers".

Françoise s'est rendue tous les jours, avec une assiduité exemplaire, au 6/8 rue Xaintrailles dans le XIIIème arrondissement de Paris. Là, pendant dix-sept semaines, vingt-neuf ouvriers sans papiers, issus de six entreprises de démolition et de deux entreprises de nettoiement, ont occupé le chantier de démolition d'un bâtiment de la paroisse Notre-dame-de-la-gare. […]
La solidarité des habitants du quartier, militants associatifs, politiques et syndicaux ou simples voisins, s'organise rapidement [et prend une ampleur que seuls quelques sites en grève ont connue. […] Sans doute, ce soutien collectif a aidé les grévistes à ne pas flancher dans les moments de doute.

lundi 19 octobre 2009

Le combat pour l'émancipation, Marion Esquerré. Extrait du livre "des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers".

[…] « Le 15 avril 2008, on nous a proposé d'aller soutenir un piquet de grève à Villejuif. Il y avait la CGT et la presse. C'est moi qui ai pris la parole. Pour une fois, des femmes osaient dire qu'elle n'avaient pas de papiers et qu'elles voulaient être régularisées par le travail et non par le regroupement familial ou les enfants. Nous avons un rôle dans la société. Pourquoi on continuerait à se cacher ? » 

samedi 17 octobre 2009

La grande armée des ombres, Marion Esquerré. Extrait du livre "des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers".

« Je fais partie de ceux qui ont ouvert le grand squat de Cachan. J'ai vécu trois ans là-bas. La police venait tout le temps autour du squat. Quand je rentrais du boulot, j'avais peur. Et puis, quand il y a eu le mouvement des habitants, je ne voulais pas que l'on me voie à la télévision, que le groupe Flo me reconnaisse ». […]
L'occupation [du restaurant de la Grande Armée] débute le 13 février 2008 et prend fin six jours plus tard, lorsque sept des neuf grévistes obtiennent leur régularisation [...] Cette victoire, suivie dans les médias par de nombreux travailleurs sans papiers, accélèrera la préparation du mouvement lancé le 15 avril.

lundi 12 octobre 2009

Des militantes de terrain, Marion Esquerré. Extrait du livre "des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers".

Marilyne Poulain travaille depuis 2003 pour l'association Autremonde, en tant que coordinatrice des « ateliers sociolinguistiques - accès aux droits » dans cinq foyers de migrants. […]« Je trouvais plus fort qu'un sans-papiers se batte en tant que salarié, qu'en tant que membre d'une association, maintenu dans l'image de l'exclu. Nous pouvions faire un travail de sensibilisation mais c'était aux syndicats de prendre la lutte en main ». […] Marilyne Poulain jouera un rôle de médiation entre syndicats et associations, deux mondes qui se méconnaissent. […]
Ana Azaria, formatrice, est présidente de l’association femmes Égalité. […] Nos actions se complètent. Un syndicat ne pouvait pas trouver ces femmes qui travaillent hors des entreprises. Et nous ne serions arrivées à rien sans la grève et le rapport de force imposés par le syndicat ».
Quatre-vingt-sept femmes ont déposé ensemble leur demande de régularisation en mai 2008. Un an après, soixante-treize d'entre elles avaient leurs papiers.

Les murs de l'intérim, Marion Esquerré. Extrait du livre "des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers".

[…] En octobre 2008, Hamet et deux amis rejoignent le piquet de grève de l'agence Manpower du XIIe arrondissement de Paris, tenu par 25 salariés et l'Union syndicale de l'intérim CGT depuis le 18 septembre. Après plus de trois mois d'occupation, Manpower accepte d'appuyer les démarches de régularisation de ses salariés, selon les règles établies à la mi-décembre par le gouvernement. […]

samedi 10 octobre 2009

"Les rippeurs se fâchent", Marion Esquerré. Extrait du livre "des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers".

[…] Tous les matins, les rippeurs sont attendus par leur chef et les bennes à ordures vers 5 heures du côté de la gare du champ de course d'Enghien. À cette heure-là, il n'y a pas de transports en commun. Sans permis de conduire, la plupart des travailleurs sont donc contraints de marcher dix kilomètres pour rejoindre le rendez-vous. Réveil entre 3 et 4 heures... « Quand les bennes arrivaient, à 5 heures, le chef disait : « toi tu montes, toi tu montes, toi tu montes, les autres, il n'y a pas de boulot aujourd'hui, revenez demain ! » Les hommes rentrent bredouilles aux alentours de 6 heures après avoir fait vingt kilomètres aller-retour. Or, chez Val Horizon, seul le travail effectif est payé, à la minute près. […]
Pendant dix-neuf jours, avec le soutien du syndicat et de nombreuses associations, quarante-deux grévistes occupent le site. Au final, ils obtiennent leur régularisation, excepté cinq hommes qui, au moment de déclencher la grève, ne travaillaient plus pour l'entreprise. […]

vendredi 9 octobre 2009

"La grève, arme d’émancipation pour les travailleurs sans papiers", Raymond Chauveau, coordinateur CGT du mouvement des travailleurs sans papiers. Extrait du livre "des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers".

[…] Avec plusieurs grèves déclenchées en même temps et coordonnées syndicalement, avec des occupations d’entreprise, c’est un véritable mouvement de travailleurs sans papiers qui se lève et interpelle, non pas simplement tel ou tel patron, telle ou telle préfecture, mais le gouvernement et son ministre de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale. En fait, toute la société. […] En faisant grève massivement à partir de ce 15 avril 2008, les travailleurs sans papiers ont rejeté ce manteau du clandestin, que le patronat et l’État voulaient absolument qu’ils gardent comme une deuxième peau pour faire d’eux des boucs émissaires, si utiles en temps de crise. Leur grève a neutralisé le vieux discours éculé et nauséabond : « du travail pour les Français d’abord ». […]
Ce mouvement de grève a révélé toute l’étendue de l’hypocrisie du système. Il a suffi que ces travailleurs brandissent devant les caméras, feuilles de paie et déclarations d’impôts pour que l’opinion publique comprenne la nature profonde de ce mouvement et le soutienne. Autour de tous les piquets de grève se sont constitués de nombreux comités de soutien. […]
Il en a fallu du courage de la part de ces hommes et de ces femmes pour se lancer dans ce mouvement. Une fois le badge syndical sur la poitrine, face au patron, impossible de revenir en arrière. Ce courage, c’est aussi la marque de fabrique de cette « grande grève » des travailleurs sans papiers. Grève, nécessaire, obligatoire pour gagner non seulement ses papiers, mais aussi pour toute une dignité, dans cette société capitaliste où rien ne se donne mais où il faut tout arracher.

jeudi 8 octobre 2009

"3,80 euros de l'heure", Marion Esquerré. Extrait du livre "des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers".

[…] Repos hebdomadaires, congés payés, jours fériés n'existent pas selon la loi de son employeur. Si un salarié tombe malade, s'il est victime d'un accident du travail, ses jours d'absence lui sont décomptés. Une seule règle est appliquée : travailler dix heures par jour, sept jours sur sept pour recevoir 3,80 euros de l'heure – le niveau du Smic au milieu des années 1980. […]
Les grévistes de Casa Nova ont été parmi les premiers à obtenir une régularisation, dès le mois de mai 2008, et sans devoir continuer à travailler à Casa Nova. Depuis, tous ont trouvé un nouvel emploi. Mais ils ont aussi lancé une procédure auprès du tribunal des prud'hommes pour obtenir réparation de toutes ces années d'exploitation.